PATRIOTES
SAINT-EUSTACHE (QUÉBEC)
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DRAPEAU DU QUÉBEC
L'origine du «Je me souviens...»

C'est Ă  l'esprit crĂ©ateur de EugĂšne-Étienne TachĂ©, celui qui a conçu l'HĂŽtel du Parlement, qu'il faut associer le «Je me souviens», la devise du QuĂ©bec qui figure au bas de ses armoiries depuis 1939. À l'origine, la devise aurait Ă©tĂ© inscrite avec les armes de la province au-dessus de la porte principale de l'HĂŽtel du Parlement.

Le sens de cette phrase? Plusieurs auteurs ont cherché à le trouver. Un dénommé André Duval y voit la réponse d'un sujet canadien-français à la devise du marquis de Lorne, gouverneur du Canada, qui se trouve dans le vestibule de l'édifice : «Ne obliviscaris», qui, signifie gardez-vous d'oublier.

Ernest Gagnon, qui Ă©tait secrĂ©taire du dĂ©partement des Travaux publics Ă  l'Ă©poque et qui a bien connu TachĂ©, Ă©crit que cette devise rĂ©sume la raison d'ĂȘtre du Canada de Champlain et de Maisonneuve comme province distincte dans la ConfĂ©dĂ©ration. C'est probablement l'interprĂ©tation qui se rapproche le plus des intentions de TachĂ©. En concevant la dĂ©coration de l'HĂŽtel du Parlement, ce dernier voulait rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont marquĂ© l'histoire du QuĂ©bec.

À propos du drapeau...

Le drapeau québécois, tel qu'on le connaßt aujourd'hui avec ses quatre lys blancs sur fond bleu, existe depuis un peu plus de 50 ans. Son adoption offficielle remonte au 21 janvier 1948.

C'est lors de cette journée, peu avant trois heures, que flotta pour la premiÚre fois le drapeau actuel du Québec. C'est devant les députés de l'Assemblée nationale que le Premier ministre, Maurice Duplessis, présente son drapeau et consacre le fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec.

Pour les spĂ©cialistes, le drapeau du QuĂ©bec incarne la prĂ©sence d'un peuple. Il assume la continuitĂ© de l'histoire. Le bleu azur est caractĂ©ristique du peuple français. Symbole d'unitĂ©, le blanc est apportĂ© au pays par Champlain comme le signe de notre attachement Ă  la culture française. Il reprĂ©sente notre volontĂ© de vivre. La fleur de lys Ă©voque la victoire de Carillon dont l'Ă©tendard, l'ancĂȘtre direct du drapeau actuel, portait quatre fleurs de lys d'argent.

À la fĂȘte nationale des QuĂ©bĂ©coises et des QuĂ©bĂ©cois, quand vous brandirez le drapeau, pourquoi ne pas avoir une petite pensĂ©e pour ses origines et ce qu'il reprĂ©sente?

Saint Jean-Baptiste et son mouton ou l'histoire d'un patron oublié

Plusieurs se souviennent du petit blond frisĂ©, accompagnĂ© de son mouton, qui trĂŽnait sur les chars allĂ©goriques des processions il y a quelques dĂ©cennies de cela. En effet, notre fĂȘte coĂŻncide avec l'anniversaire de saint Jean-Baptiste, patron des Canadiens français. Mais que reprĂ©sente cette image souvent dĂ©formĂ©e par notre imaginaire et pourquoi l'associer Ă  la fĂȘte nationale?

C'est d'abord pour profiter de la popularité déjà acquise d'une tradition qu'en 1834, la Société Saint-Jean-Baptiste propose le 24 juin comme date anniversaire du Québec et qu'elle demande, en 1908, d'officialiser le patronage de saint Jean-Baptiste. En fait, les colons de la Nouvelle-France soulignaient déjà la Saint-Jean par des feux de joie.

À l'origine fĂȘte paĂŻenne du solstice d'Ă©tĂ©, le 24 juin est devenu une importante fĂȘte catholique.

Cependant, saint Jean-Baptiste ne fut pas dĂ©signĂ© comme patron pour ses beaux yeux et ses frisettes. Il Ă©tait porteur d'un message. D'un point de vue religieux, il est celui qui a annoncĂ© la venue du Christ, Agneau de Dieu (d'oĂč le mouton, symbole de sacrifice et non de faiblesse). De plus, sa naissance coĂŻncide avec le solstice d'Ă©tĂ©, date Ă  partir de laquelle la durĂ©e des jours diminue. Jean se savait appelĂ© Ă  diminuer pour faire place au Christ, lumiĂšre du monde, nĂ© le jour du solstice d'hiver alors que les jours allongent. À l' Ă©poque, c'Ă©tait donc un modĂšle de foi qui Ă©tait proposĂ© aux Canadiens français.

Du point de vue politique, saint Jean-Baptiste Ă©tait un provocateur, un dĂ©nonciateur. Il prenait la parole avec force et s'Ă©levait contre l'injustice et le pouvoir en place dĂ©tenu par HĂ©rode. Il paya d'ailleurs de sa vie ses convictions. En le choisissant comme patron, la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste voulait donner aux Canadiens français un modĂšle d'affirmation de soi et de lutte contre l'oppression des dirigeants (Ă  l'Ă©poque, les Canadiens anglais). Toujours associĂ© Ă  la fĂȘte nationale, saint Jean-Baptiste peut aujourd'hui rappeler Ă  tous les QuĂ©bĂ©cois, sans distinction de langue ou de conviction politique, l'importance d'ĂȘtre fidĂšle Ă  ce que l'on croit et Ă  ce que l'on est.

La FĂȘte nationale du QuĂ©bec... au-delĂ  des mots

Nous sommes le 24 juin 1834. Le Canada prend conscience d'une nouvelle rĂ©alitĂ©. Les Canadiens français et les QuĂ©bĂ©cois assistent Ă  la naissance d'une grande fĂȘte qui leur permettra de s'afficher bien haut Ă  la grandeur du monde. Ce sera la fĂȘte de la Saint-Jean-Baptiste, ce grand prĂ©curseur et patron des QuĂ©bĂ©cois et QuĂ©bĂ©coises.

Depuis cette date historique, il s'est passé bien des choses dans notre pays, mais à chaque année, le 24 juin est venu rappeler à tous les Canadiens et Canadiennes que le français est une réalité dans ce grand bassin situé au milieu du monde anglophone.

Certes, le territoire du QuĂ©bec est immense, mais en le regardant sur le plan gĂ©ographique, nous rĂ©alisons qu'il est entourĂ© de provinces dont la langue de la majoritĂ© est l'anglais et au Sud, ce sont les États-Unis. Vivre au QuĂ©bec tout en conservant cette langue est alors un vĂ©ritable dĂ©fi, un combat quotidien qu'il faut mener pour conserver notre langue française et nos traditions.

Outre la simple volontĂ© – qui est noble en soi – c'est l'effort constant qu'il faut mettre pour parler et Ă©crire un bon français qui prime; pour ce faire, il faut que la fiertĂ© d'ĂȘtre francophone ne soit pas un simple slogan que l'on crie lors des fĂȘtes populaires, mais une façon de vivre au quotidien. Pour que les QuĂ©bĂ©cois et QuĂ©bĂ©coises rĂ©ussissent Ă  protĂ©ger leur langue, il va falloir qu'ils cessent de s'en remettre exclusivement aux politiciens et plutĂŽt faire l'effort personnel d'amĂ©liorer leur façon de parler, de s'exprimer, d'Ă©crire. La fiertĂ©, c'est d'abord dans la tĂȘte et dans le cƓur, dans la façon de vibrer intĂ©rieurement au point de passer Ă  l'action. La facilitĂ©, c'est de s'envelopper dans un drapeau et de porter haut une pancarte nous affirmant comme francophone. La facilitĂ©, c'est de crier comme un enfant que nous sommes QuĂ©bĂ©cois ou QuĂ©bĂ©coises. La maturitĂ©, c'est de bien parler et de bien Ă©crire. Par la suite, le mot «fierté» pourra prendre son vĂ©ritable sens...
 

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