LE DEVOIR: Édition du samedi 17 et du dimanche 18 mai 2003
La question nationale n'est toujours pas réglée. Aujourd'hui, il faut encore se demander: que voulons-nous vraiment? Or, il en va de la vie du peuple comme de toute vie véritable: son épanouissement est une fin en soi. La question est de savoir comment, en tant que peuple, persévérer dans notre être et nous ouvrir au monde. Pour un peuple, assumer sa souveraineté, c'est accomplir son destin de peuple. Cela est conforme à sa liberté, à sa dignité et à sa vérité de peuple. Les Patriotes avaient compris cela, et c'est pourquoi nous leur rendons hommage.
Le peuple québécois possède des caractéristiques propres; il témoigne d'une continuité historique enracinée dans son territoire; et seul le peuple québécois, par l'entremise des institutions politiques qui lui appartiennent en propre, a le droit de statuer sur la nature, l'étendue et les modalités de l'exercice de son droit à disposer de lui-même.
Les Patriotes sont morts au nom de ces idéaux; et c'est en ce sens que le testament politique de Chevalier de Lorimier nous interpelle : «Pour [mes compatriotes] je meurs sur le gibet de la mort infâme du meurtrier, pour eux je me sépare de mes jeunes enfants, de mon épouse, sans autre appui que mon industrie et pour eux je meurs en m'écriant - Vive la Liberté, Vive l'Indépendance.»
La lutte des Patriotes montre que la défense de droits démocratiques est parfaitement compatible avec la promotion d'une identité culturelle distincte en Amérique. Leur action constitue un jalon complexe mais crucial dans le cheminement du peuple québécois. La Journée des Patriotes, lundi, vise à faire connaître la contribution de milliers d'individus à ce vaste mouvement démocratique et national. C'est une ambition que nous comptons poursuivre. Elle prouve que l'avancement des droits de la majorité peut s'inscrire dans le respect des différences et des droits de la personne, qui sont les expressions contemporaines de la démocratie.
Bien sûr, les gouvernements peuvent se succéder à l'Assemblée nationale. L'État peut bien changer; on peut essayer de le diminuer; mais une chose va demeurer : nous sommes nombreux à croire que le Québec est notre seul pays. Ce pays n'a pas d'armée mais nous avons une arme, plus puissante que tout : celle de notre refus. Nous n'allons pas tourner la page, et nous entendons poursuivre, pacifiquement mais résolument, le combat pour la souveraineté.
Jean Dorion
Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
GĂ©rald Larose
Président du Conseil de la souveraineté
Pierre Noreau
Président des Intellectuels pour la souveraineté
Chantale Turcot
Présidente du Mouvement national des Québécoises et Québécois