11 OCTOBRE 2005
RECONNAISSANCE OFFICIELLE DES MÉTIS DE L’EST PAR LES MÉTIS DE L’OUEST
« LA RÉVOLUTION MÉTISSE EST EN MARCHE ! » DÉCLARE ISMÈNE TOUSSAINT LORS DU LANCEMENT DE SON LIVRE, LOUIS RIEL : JOURNAUX DE GUERRE ET DE PRISON
La foule était telle que la salle de la SSJB de Montréal ne put offrir un siège à chacun : ici, elle se presse pour rencontrer Mme Ismène Toussaint. Derrière l'auteur, se tient Louis Riel, personnifié par M. Archie Martin. Suivent dans l'ordre, M. Raymond Cyr, aîné et leader de la Communauté Métisse de l'Estrie, M. Réal Daigle, doyen de Communauté métisse de l'Estrie, M. Gabriel Dufault, président de l'UNMSJ du Manitoba, M. Éric Dubé, président de Communauté métisse de l'Estrie, et M. Claude Forest, vice-président de l'UNMSJ du Manitoba et représentant culturel du Manitoba métis.
Ils ont tant voulu cacher notre histoire toute faite de temps événementiels. Ils auront voulu dire que la pendaison de Louis Riel fut le dernier événement de notre existence d’Est en Ouest. Alors, qui dira un jour que Louis Riel n’était pas un Métis ? Qui fera maintenant l’ultime affront aux Métis de douter de leur droit de se reconnaître entre parents ? Pourtant...
Ils auront pendu Louis Riel pour étouffer l’expression des douleurs de son peuple. Coupable. Ismène Toussaint le fait parler. Émouvant. Le onze octobre dernier, les Journaux de guerre et de prison de Louis Riel (Éditions Stanké) sont présentés au grand public. Y est aussi affirmé qui sont ces Métis de l’Est fondateurs de l’Ouest métis. Ici, la grande nation métisse réapparaît publiquement.
Une brochette d'invités attentifs au discours de Mme Ismène Toussaint. À l'arrière-plan, Mme Danielle Robineau, cinéaste métisse, M. Éric Dubé, président de la Communauté métisse de l'Estrie, Mme Simone Gaudreault, doyenne de la Communauté métisse de l'Estrie. Au premier plan, M. Jean Dorion, président de la SSJB de Montréal, M. Jean Louis Morgan, journaliste indépendant, M. Marco Daigle, gardien de la spiritualité de la Communauté métisse de l'Estrie, et M. Réal Daigle, doyen de la Communauté métisse de l'Estrie.
En ce onze octobre 2005, ancêtres, parents et amis des Métis de l’Ouest étaient présents par leur descendance à la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal. Ces cousins de l’Ouest et de l’Est y reconnurent leurs ancêtres autochtones communs. Ils n’ont pas attendu les Gouvernements pour se reconnaître entre eux. Les Métis sont demeurés une seule et grande famille.
Les représentants des Métis francophones manitobains ont officiellement et publiquement affirmé que les invités métis étaient des Métis de l’Est. Les monteurs d’échafauds et négateurs des droits auront trop dit qu’il n’y avait pas de Métis dans l’Est. Les cousins de Riel, de Dumont, de Batoche ou encore d'André Nault se sont rencontrés dans ce temps nouveau.
Mme Ismène Toussaint félicitée par les sourires et les applaudissements de M. Gilles Rhéaume, maître de cérémonie, et ceux des leaders métis et des Premières Nations : MM. Raymond Cyr, Archie Martin, Gabriel Dufault, Claude Forest et Jean Jolicoeur.
Ismène Toussaint, fille de France, cette première nation chez les Métis du pays, fut naturalisée métisse par la communauté métisse d'Estrie-Beauce Dorchester. Va-t-on nier aux Autochtones métis le droit de discerner l’esprit puissant des leurs ? Tous nos Esprits autochtones sont maintenant les siens. Riel, lui, l’accompagne depuis son arrivée au pays.
L’histoire sera réécrite. Les Patriotes de 1837-1838 ont fondé la Société Saint-Jean-Baptiste. Nous, Métis, notre mémoire rappelle que nous avons pris parti pour les habitants contre les forces britanniques dans cette tourmente. La Société Saint-Jean Baptiste de Montréal a renoué avec ces faits. Qui, là, savait encore que l’ancêtre Elliot de P. E. Trudeau est l’un des Métis qui prit les armes ?
Ismène Toussaint sait que cette immense géographie intérieure qui accueillit les solides éléments de sa race est le sanctuaire menacé du peuple Franco-Métis. Ainsi, en cette saison où les arbres offrent leurs plus belles couleurs, nous les lui présentons en bouquet de mariage avec notre peuple. Un geste de reconnaissance devenu rare depuis nos premiers Temps.
Raymond Cyr Ki-Twoghk
Métis de l’Est et de l’Ouest
11 OCTOBRE 2005
LA RÉVOLUTION MÉTISSE EST EN MARCHE !
Discours d’Ismène Toussaint
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal,
Mesdames et Messieurs les représentants des Métis et des Premières Nations,
Chers patriotes, chers amis, chers frères et sœurs métis,
Mme Ismène Toussaint, une oratrice convaincante et passionnée. L'Esprit de Louis Riel nous parlait par cette grande métisse naturalisée GO'gwejjl (Araignée).
Avant d’aborder mon propos, je voulais vous remercier d’être venus ici ce soir, en particulier M. Jean Dorion, président de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, qui, dans l’esprit du général de Gaulle, a compris que l’avenir était au métissage, M. Gilles Rhéaume, conseiller général, spécialiste de Louis Riel, et M. Michel Émery, président de la section Louis Riel et organisateur de cet événement. Je tiens en effet à souligner que la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal a toujours soutenu notre Chef Louis Riel et ce, dès la formation de son gouvernement provisoire, en 1870. Lui-même était, je le rappelle, le cofondateur et le coprésident de la section de l’Ouest. La Société Saint-Jean-Baptiste a été le premier organisme au Québec à prendre la défense du père du Manitoba lors de sa condamnation et à apporter son appui aux Métis, notamment pour des commémorations.
Au micro, M. Claude Forest, vice-président de l’UNMSJ du Manitoba et représentant culturel du Manitoba métis, et M. Gabriel Dufault, président de UNMSJ du Manitoba. Deux grands Métis franco-manitobains venus s'adresser à leurs cousins de l'Est. ''Nous avons les mêmes ancêtres autochtones et nous étions déjà cousins par ces ancêtres avant de nous déplacer vers l'Ouest pour suivre le castor... Nous vous reconnaissons Métis chez vous !'' affirme Claude Forest, d'une voix empreinte d'une grande émotion devant Mme Ismène Toussaint et la foule. Manito baw se faisait entendre.
J’ai le grand honneur et le plaisir d’accueillir aujourd’hui M. Gabriel Dufault, président de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, fondée par Louis Riel en 1884 et reprise par son frère Joseph en 1887, le plus ancien organisme métis dans l’Ouest. Animé par l’esprit de Louis Riel, M. Dufault a fait émerger la condition métisse canadienne-française au plan national. En dépit des difficultés que nous pose l’éloignement, nous travaillons en tandem étroit depuis trois ans aussi je profite de cette occasion pour le remercier de la confiance qu’il m’a témoignée en me permettant de le représenter dans l’Est et de prendre des décisions souvent délicates en son absence.
J’ai la joie d’accueillir M. Claude Forest, un vieil ami, arrière-petit cousin maternel de Louis Riel et fils de feu Georges Forest, ce grand Métis qui, le 13 décembre 1979, au prix d’un épuisant combat, a fait abroger la loi Greenway privant depuis 1890 nos compatriotes franco-manitobains de leur langue dans les cours et les tribunaux. M. Claude Forest est l’un de nos représentants culturels dans l’Ouest.
M. Jean Jolicoeur, représentant des Premières Nations et grand parlementaire autochtone auprès des Métis, des Indiens et des Inuits séduisit la foule par un discours d'une grande sagesse et d'une grande sensibilité.
J’ai l’honneur et le plaisir d’accueillir M. Dominique Genest, représentant de M. Carl Dubé, Président-Grand Chef de l’Alliance Autochtone du Québec. J’admire, nous admirons le courage dont ce dernier a fait preuve en osant se présenter, dans un climat de campagne électorale extrêmement difficile, sous la bannière de Louis Riel. C’était une première dans l’histoire de l’Alliance. Il est certain que feu notre Chef lui a porté chance et que l’accession de M. Dubé à ce poste inaugure une ère nouvelle pour tous les Métis.
J’ai l’honneur et le plaisir d’accueillir M. Jean Jolicœur, un autre vieil ami, contrôleur de l’Alliance Autochtone du Québec et responsable d’une douzaine de corporations dont l’une avait Louis Riel pour emblème. C’est un homme entièrement dévoué aux siens et dont l’œuvre de pionnier, de tisserand, nous sert beaucoup aujourd’hui dans notre entreprise d’union des Métis et de rapprochement avec les Premières Nations.
La langue du Métis en est demeurée une d'images. M. Raymond Cyr est gardien de la mémoire ancestrale des siens et représentant de l'Union métisse Est-Ouest au Québec. Ici, il ne discourt pas. Il dit au public des Temps en évènements. Ta'n tujiw plamu getu' siga'lat amujpa tmg toqjua't sipug (Pour frayer, un saumon doit d'abord remonter la rivière... celle des Temps... de l'Histoire.)
J’ai l’honneur et le plaisir d’accueillir M. Raymond Cyr, arrière-petit cousin de Gabriel Dumont, leader de la communauté métisse de l’Estrie, celui qu’on appelle le « Louis Riel de l’Estrie », pas seulement parce qu’il est né le même jour que lui, mais qu’il a été le premier à se révolter contre des organismes qui prétendaient contrôler les Métis du Québec et de l’Est sans représenter leur identité, leurs valeurs et leur culture. Parce que nous partagions une même vision, M. Raymond Cyr est le leader que j’ai choisi pour effectuer la jonction entre les Métis de l’Est et de l’Ouest le 8 mai 2005. Je profite également de cette circonstance pour lui témoigner mon respect pour le travail énorme qu’il accomplit en faveur des siens et mes remerciements pour l’inspiration, le courage et la confiance en soi qu’il me communique dans cette entreprise d’union.
M. Archie Martin s'entretenant avec Mme Simone Gaudreau, doyenne de la Communauté métisse de l'Estrie.
J’ai l’honneur et le plaisir d’accueillir M. Archie Martin, notre Louis Riel de ce soir, représentant culturel métis des Maritimes, qui nous aide si fortement à nouer des liens avec le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. M. Martin a été l’un des premiers à afficher son identité métisse dans sa région et à encourager ses semblables à en faire de même dans un contexte qui leur est actuellement toujours défavorable.
Au cours de cette soirée, je vous invite à poser toutes les questions que vous souhaitez à ceux qui demeureront désormais dans l’Histoire métisse sous le nom de « Pères de l’Union ».
À la fois attentifs et intériorisés, l'Ouest et l'Est écoutent les orateurs dans l'Esprit de Riel.
Je suis particulièrement touchée de constater que sont présents à notre rendez-vous plusieurs descendants de la famille et des amis de Louis Riel : M. Patrick Riel, son arrière-petit-cousin, de Val-des Monts ; Mme Anita L’Heureux, son arrière-petite cousine et veuve de Georges Forest, de Saint Boniface, au Manitoba ; Mme Odette Poitras, de Montréal, arrière-petite cousine de Jean-Marie Poitras, le beau-frère de Louis Riel ; M. Louis-Riel Sébastien Du Sault et Mme Carole Du Sault, de Montréal, arrière-petits-enfants d’Ambroise Lépine, le bras-droit de Louis Riel dans son gouvernement provisoire – à ce sujet, je vous signale que messieurs Patrick et Robert Massé, du groupe métis Chinook, viennent de mettre en musique un chant que Louis Riel avait écrit en hommage à Ambroise Lépine : La Complainte d’un condamné. Leur disque sera lancé au printemps prochain. Je souhaite également la bienvenue à M. Royal Lamontagne, petit-neveu de Marie-Julie Guernon, la première fiancée de Louis Riel ; à M. Georges Letendre-Batoche, arrière-petit fils de Xavier Letendre-Batoche, fondateur de la ville du même nom en Saskatchewan. (M. Batoche est un membre influent de la communauté métisse de l’Estrie) ; et M. Réal Lévesque, directeur du Séminaire des Sulpiciens de Montréal, où Louis Riel fit ses études.
Mme Ismène Toussaint reçoit son certificat de naturalisation autochtone des mains de M. Éric Dubé, président de la Communauté métisse de l'Estrie. Debout derrière eux, le Métis Gilles Rhéaume, chercheur associé à la chaire d'histoire Hector-Fabre de l'Université du Québec à Montréal (UQUAM) et directeur de l'Institut des politiques linguistiques ; assis, Louis Riel, personnifié par M. Archie Martin, leader de l'Union métisse Est-Ouest dans les provinces Maritimes.
Je terminerai cette impressionnante liste en remerciant mes collaborateurs habituels, sans lesquels mes livres ne pourraient voir le jour : je ne citerai ici que mon fidèle éditeur, M. André Gagnon, des Éditions Stanké, et son équipe ; le professeur Réginald Hamel de l’Université de Montréal, historien de la littérature de réputation internationale, qui est le premier à avoir fait entrer Louis Riel dans des ouvrages de référence ; et M. Victor Charbonneau, fondateur des Vigiles Louis-Riel à Montréal, qui m’a aidée gracieusement dans mes recherches avec un dévouement exemplaire, alors qu’il était souffrant. Les autres trouveront leur nom à la fin de mon livre.
Entrée de Guéganne, artiste-peintre du Nouveau-Brunswick accueillant les invités d’honneur à la manière autochtone.
Mesdames, Messieurs, ce n’est pas un hasard si nous avons choisi la date du 11 octobre pour effectuer le lancement de cet ouvrage : en effet, il y a exactement 136 ans, le 11 octobre 1869, à la rivière Rouge, Louis Riel posait le pied sur les chaînes des arpenteurs canadiens-anglais venus s’emparer illégalement des terres des Métis avec un « Non ! » de colère, marquant ainsi le début de la résistance métisse dans l’Ouest.
C’est aussi d’une colère qu’est née l’idée de ce livre, Louis Riel : Journaux de guerre et de prison, suivie d’une chronologie métisse 1604-2006. Colère lorsque j’ai découvert les écrits déchirants de ce condamné à mort que le gouvernement d’Ottawa a torturé moralement de manière inqualifiable en reportant à trois reprises son exécution avant d’étrangler sa voix.
Guéganne offre de cadeaux en signe d’amitié et de bienvenue aux leaders des Métis et des Premières Nations.
Colère aussi lorsque le 9 décembre 2002, je recevais une lettre bouleversante de M. Gabriel Dufault, que je ne connaissais alors que de réputation, me confiant sa lassitude de devoir se battre constamment contre des organismes métis anglophones qui niaient l’existence des Métis canadiens français de l’Ouest, allant jusqu’à souhaiter, je cite, « les voir disparaître ».
Colère encore lorsque le 9 avril 2005, je rencontrais M. Raymond Cyr qui me raconta l’histoire des Métis du Québec et de l’Est que l’entreprise de colonisation des terres, dans les années 1850, avait rejetés dans l’ombre, l’indigence et l’oubli. C’étaient les descendants de ceux qui, à l’exemple des ancêtres maternels de Louis Riel, étaient partis fonder au XVIIIe et au début du XIXe siècles la future nation métisse de l’Ouest.
Les leaders acceptent leurs cadeaux en signe d’amitié partagée avec ceux qui les reçoivent.
Peu de temps avant sa mort, Louis Riel avait prophétisé que son peuple dormirait pendant cent ans et que lorsqu’il s’éveillerait, ce seraient les artistes et les écrivains qui le conduiraient. Sans avoir la prétention de le conduire, je me suis dit que, quelles que soient les inimitiés que je ne manquerais pas de m’attirer, il était temps de donner un coup de pied dans la fourmilière ou plutôt d’indiquer une direction, une voie quelconque. Il me semblait en effet que Louis Riel et son peuple qui, au fil des époques, ont attiré l’attention des plus grands, de Napoléon III à Hugo Chavez, l’actuel président du Venezuela, en passant par Honoré Mercier, le sénateur Alphonse Desjardins, Ulysses Grant, le président des États-Unis, René Lévesque ; il me semblait que Louis Riel et son peuple donc, qui ne cessent d’inspirer architectes, sculpteurs, peintres, écrivains, historiens, réalisateurs, publicitaires, chanteurs, compositeurs, etc., méritaient que je fasse quelque chose. Par conséquent, afin de sceller d’une pierre supplémentaire le mur de l’Histoire du peuple métis, j’ai élaboré à la suite de ces Journaux de guerre et de prison une chronologie de la vie de Louis Riel et des principaux événements métis survenus entre 1604 et 2006 : certes, elle n’est pas exhaustive mais c’est la plus complète effectuée à ce jour et j’y ai ménagé une ouverture aux Métis de l’Est.
M. Gabriel Dufault, président de UNMSJ du Manitoba et Mme Priscilla Doucet-Martin, dite Guéganne, artiste métisse fière de sa culture, posent devant le drapeau métis avec M. Gilles Bérubé, Métis, PDG de Corporation Waskahegen.
D’autre part, afin d’essayer d’aider les Métis à sortir de l’impasse et à cicatriser les blessures de ces deux familles de l’Est et de l’Ouest séparées par plus de deux siècles d’Histoire et des milliers de kilomètres, j’ai proposé la formation d’une Union pancanadienne franco-métisse, telle que l’avait déjà préconisée Louis Riel. La même idée mûrissait parallèlement dans l’esprit de Gabriel Dufault et de Raymond Cyr qui souhaitaient constituer un mouvement, une force nationale. Conclue le 8 mai dernier à Montréal, notre Union fructifie depuis du Labrador à la Colombie-Britannique. À ce sujet, je voulais remercier tous les représentants et représentantes métis qui m’ont fait confiance à travers le pays. Certains d’entre eux sont ici ce soir, d’autres m’ont envoyé un message de soutien. Malheureusement, le temps me manque pour citer leurs noms et leurs courriers.
M. Archie Martin, incarnant Louis Riel, le père spirituel d'Ismène Toussaint. Elle tient ici le bâton de la marche de l'Histoire.
Au fil de la progression de notre association, nous avons reçu l’appui du Congrès des Peuples autochtones, du Cercle bolivarien Louis-Riel de Toronto (the Bolivarian Louis-Riel Circle of Toronto), de délégués auprès de l’ONU, des Zapatistes du Mexique, d’autres groupes encore. Le 13 juin 2005, nous avons même conclu la première alliance métisse Nord-Sud, que Louis Riel avait aussi anticipée, avec le Venezuela, pays leader sur le plan de la défense des Indigènes et des Métis.
En conséquence, en ce 11 octobre 2005, je déclare, en qualité d’auteur et de porte-parole des Métis de l’Ouest et de l’Est, que la révolution métisse, la révolution riellienne est en marche et que rien, désormais, ne pourra plus l’arrêter. Après quinze années d’attente, je ne puis que vous exprimer ma joie et ma fierté de voir les prophéties de Louis Riel s’accomplir enfin, la nation métisse canadienne-française se réveiller, un mouvement riellien d’un genre nouveau et inattendu prendre son ampleur, et les Métis de l’Est et de l’Ouest se tendre une main fraternelle par-dessus des siècles d’Histoire. Mesdames, Messieurs, il me reste simplement à espérer vous donner rendez-vous un autre 11 octobre, dans le futur, afin que nous célébrions tous ensemble la libération de l’Amérique franco-métisse, ultime dessein de la mission de Louis Riel. Je vous remercie.
CARNET DE SOIRÉE
Mme Danielle Robineau, Métisse, préparant son matériel avant l'événement.
Outre les invités cités dans le discours de Mme Ismène Toussaint, on remarquait dans l’assistance des représentants du Parti québécois, du Rassemblement pour un Pays Souverain, du Conseil de la Souveraineté du Québec ; M. Mario Beaulieu, président de la Fondation Langelier pour l’aide aux francophones hors-Québec ; M. Yves Saint-Denis, champion de la francophonie ontarienne ; M. Gilles Bérubé, PDG de la Corporation Waskahegen ; M. Gérard Henri, directeur général de la Fondation Travail sans frontières et créateur de programmes de formation professionnelle pour les Autochtones ; Mme Vallée, représentante de la communauté métisse de Chicoutimi ; M. Jonathan Cyr, représentant de la communauté métisse de Montréal-Nord ; M. Len Doucet, représentant métis de la Nouvelle-Écosse ; MM. Louis et Yvan Riel, de Montréal, arrière-petits-cousins de Louis Riel ; la famille de feu Georges Forest, du Manitoba ; la famille de feu Henri Bergeron, homme de médias ; M. Jean Morisset, écrivain métis et professeur de géographie à l’UQÀM ; M. Gladu et Mme Danielle Robineau, cinéastes métis ; M. Normand Guilbeault, jazzman et compositeur métis, créateur du spectacle transcanadien Louis Riel : Plaidoyer musical pour la réhabilitation d’un juste ; Mme Marie Francœur, écrivain et professeur de Lettres-sémiotique à l’Université Laval de Québec ; M. André Beauregard, poète ; M. Daniel Gagnon-Barbeau, professeur de Lettres à l’UQÀM, écrivain et peintre ; Mme Agnès Whitfield, professeur de Lettres à l’Université de Toronto, poète et essayiste ; M. André Pijet, peintre, illustrateur et caricaturiste.
Peu avant l’événement, Mme Ismène Toussaint avait reçu des messages de soutien de communautés métisses de toutes les provinces. À Chicoutimi, des chasseurs métis lui rendirent hommage en lui consacrant un orignal, produit de leur chasse.
TEXTE DE RECONNAISSANCE DE Mme ISMÈNE TOUSSAINT PAR LA COMMUNAUTÉ MÉTISSE DE L’ESTRIE
La Corporation métisse de l’Estrie reconnaît officiellement Madame Ismène Toussaint Métisse par adoption et titulaire des droits autochtones sur le territoire Estrie-Beauce-Dorchester du Québec, Canada.
Notre sœur représentera toujours la Grande France, cette Première Nation chez les autochtones métis du Canada.
En foi de quoi nous avons apposé nos signatures à Sherbrooke, sur ce certificat de naturalisation en ce onze octobre deux mille cinq.
LISTE DES MÉTIS RECONNUS
Manon Allie
Gilles Bérubé
Christian Blais
Gilles Côté
Rita Côté
Jonathan Cyr
Martin Cyr
Raymond Cyr
Réal Daigle
Marco Daigle
Marie-Thérèse Dion
Priscilla Doucet-Martin, dite Guéganne
Carl Dubé
Éric Dubé
Carole Du Sault
Louis-Riel Sébastien Du Sault
Théobald Du Sault
Simone Gaudreault
Henriette Germain
François Lemieux
Georges Letendre-Batoche
Archie Martin
Aline Nault
Johanne Nault
Normand Pépin
Danièle Robineau
Chantal Roy
Julie Ruel
Pierrette Scofield
Lise Tanguay
POÈME DE JEAN MORISSET, ÉCRIVAIN MÉTIS
En référence au poème Jean Morriset voici deux fruits ( saskatoon et pembina ) qui donnent leurs noms à des villes de l'Ouest. Quant au mot Kamouraska, il signifie «là où il y a du jonc au bord de la mer» ou en formule très abrégée : «jonc de mer».
Chère Ismène,
Merci...
Ce fut une soirée plus que mémorable,
d'une grande signification,
d'une portée qui nous dépasse...
on l'a tous senti
un événement s'est produit
qui nous transcende tous :
un souffle à travers le temps,
une parole nutrifiée par la terre,
conservée par l'esprit géographique
et qui réapparaît soudain,
au détour de l'automne,
au moment des grandes migrations
d'un coup d'œil fusionnant les siècles,
d'un horizon embrassant
les mouvées de la transhumance
et les espaces de la résistance,
voilà qu'on aperçoit soudain
de la prairie au couchant,
de la rivière rouge à la toundra
et de la coulée à la confluence...
voiliers d'outardes et oies des neiges,
caribous de la forêt et de la toundra,
vastes troupeaux de bisons
et bélougas remontant le fleuve
sous les regards croisés
de tous les Métis rassemblés
la grande rivière des origines
a redonné la main à son destin
et le vieux Batoche de Kamouraska
a entrevu son bivouac jusqu'à Pembina
que tous les manitous
en soient célébrés et remerciés
Jean Morisset est né en 1940 à Saint-Michel-de-Bellechasse (Chaudière Appalaches, Pays-de-Canada ). Ce professeur de géographie métis à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), grand voyageur, est l’auteur de nombreux ouvrages destinés à réhabiliter le véritable visage des Métis et des Indiens (Les Chiens s’entredévorent, 1977 ; Canada : Indianité et lutte d’espace, 1983 ; L’Identité usurpée, 1985 ; Ted Trindell : Metis Witness to the North, s.d. ; Ni Blanc ni Indien, 1986 ; Mathias Carvalho : Poèmes amériquains, suivi de Louis Riel, écrivain des Amériques, 1997 ; Amériques, 2000 ; Vision et visages de la Franco-Amérique, avec Dean Louder et Éric Wadell, 2002 ; Le Mensonge identitaire, 2006), de nouvelles et de recueils de poèmes : L’Homme de glace (1995), Récits de la terre première (2000), Suite polaire pour un ayou en liesse (2001), Chants polaires (2002). L’un des grands fils spirituels de Louis Riel au Québec, il tient également depuis plus de vingt ans des carnets de voyages.
Diaporama
Des amis métis réunis avant l'événement : M. Marco Daigle, Métis de descendance germanique, son père, M. Réal Daigle, et Mme Danielle Robineau, métisse de descendance française.
Mme Danielle Robineau, cinéaste métisse, posant fièrement devant le drapeau bleu de la résistance métisse de 1885 à Batoche et le drapeau originel des Métis, en compagnie des doyens de la Communauté métisse de Estrie, M. Réal Daigle, et Mme Simone Gaudreault.
M. Éric Dubé, président de la Communauté métisse de l'Estrie, remettant à Mme Ismène Toussaint son certificat de naturalisation. La foule des invités se leva, émue... Ismène notre soeur...
Le grand tribun métis Gilles Rhéaume est de descendance Abénaquise. Voici son peuple alors que l'Europe ne faisait que débarquer en Amérique.
Le Métis a longue mémoire. Elle est vive et sans haine. Chez les Hommes, ce qui doit être dit et fait l'est au delà de toute passion qui aveugle le geste. La mémoire d'un Temps rappelle que Pierre E. Trudeau est descendant de Pierre Esprit (Radisson-Desgroseillers). Le «E» intercalé n'est pas Elliot. Que ce soit dit. Les Femmes (autochtones) nommèrent Radisson «petite pierre» et les Hommes, «esprit».
M. Jean Jolicoeur est Homme de grande générosité, respecté dans le monde autochtone à travers tout le Canada. Lors de la crise d'Oka, il approvisionna en nourriture femmes, enfants, vieillards, et ce...gratuitement. Ici, il confie sa volonté de mettre fin aux divisions séparant les Indiens des Métis. Voici, à l'intérieur d'une maison longue iroquoise (long house), femme, enfants et vieillards.